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Ouvrir une épicerie : le guide

Épicier sert une cliente

Que vous souhaitiez ouvrir une épicerie fine, une épicerie de village ou une supérette en centre-ville, il vous faut effectuer de nombreuses démarches afin de concrétiser votre projet. Du choix du concept au choix du statut juridique, on vous propose un petit guide pour vous aider à ouvrir votre propre épicerie !

Qui peut ouvrir une épicerie ?

Toutes les personnes françaises, ressortissantes d'un pays européen ou titulaires d'un titre de séjour en France peuvent devenir commerçantes et ouvrir leur propre épicerie, dès lors qu'elles ont 18 ans révolus, qu'elles n'ont pas été condamnées pour certaines peines (crime, fraude fiscale, vol, escroquerie, recel, etc.) et qu'elles n'exercent pas une activité incompatible en parallèle (architecte, avocat, expert-comptable, liquidateur, officier public ministériel, etc.).

Quelle formation pour ouvrir une épicerie ?

S'il n'existe aucune obligation à détenir un quelconque diplôme pour ouvrir sa propre supérette et exercer le métier d'épicier, plusieurs formations préparent à la profession. On peut notamment citer :

  • Le CAP équipier polyvalent du commerce
  • Le CQP employé de commerce
  • Le bac pro métiers du commerce et de la vente - Option A Animation et gestion de l’espace commercial
  • Le bac pro technicien conseil vente en alimentation (produits alimentaires et boissons)
  • Le BUT techniques de commercialisation - Parcours business développement et management de la relation client
  • Le BUT techniques de commercialisation - Parcours marketing et management du point de vente
  • Le BTS management commercial opérationnel
  • Le BTSA technico-commercial - Option Alimentation et boissons

Ces formations permettent d'acquérir des compétences et connaissances primordiales pour la bonne gestion humaine, fiscale et administrative d'un commerce, et plus particulièrement d'un commerce de détail alimentaire. En plus de ce savoir-faire en management, l'épicier devra faire preuve d'un véritable sens de l'accueil et d'une fibre commerciale développée.

Comment bien définir son concept (épicerie fine, de village, ouverte la nuit, solidaire, de produits locaux, en vrac, etc.) ?

Il existe toutes sortes d'épiceries en France, aussi il convient, avant toute chose, de bien définir son concept de magasin. C'est en effet de ce concept dont dépendront de nombreux aspects de la future entreprise, notamment la clientèle type et les concurrents directs, qui auront eux-mêmes un impact sur le choix de l'emplacement du commerce.

L'entrepreneur doit ainsi se poser différentes questions :

  • Souhaite-t-il ouvrir un commerce d'alimentation générale ? Souhaite-t-il se consacrer uniquement aux denrées alimentaires ou également proposer des produits de première nécessité ? Souhaite-t-il se spécialiser dans un type de produits en particulier (cafés, thés, huiles, épices, produits du terroir, etc.) ?
  • Quelle sera la qualité des produits qu'il compte vendre ? Souhaite-t-il se positionner sur un marché haut de gamme ?
  • Souhaite-t-il proposer des produits faits sur place ? Si oui, la fabrication de ces produits est-elle une activité réglementée ? L'entrepreneur devra-t-il être en possession d'un diplôme particulier ou embaucher un salarié en possession d'un diplôme particulier (boucher, charcutier, boulanger, pâtissier, chocolatier, etc.) ?
  • Le concept de l'entreprise repose-t-il sur des valeurs particulières ? S'agit-il d'une épicerie spécialisée dans les produits bios, dans le circuit court, etc. ? S'agit-il d'une épicerie solidaire ?
  • S'agit-il plutôt d'une épicerie de quartier (en centre-ville, dans une rue passante d'un quartier spécifique) ou d'une épicerie en zone rurale ?
  • Quels sont les horaires d'ouverture envisagés ?

La stratégie marketing et la stratégie de communication à mettre en place pour l'épicerie vont grandement différer selon le concept, puisque l'entrepreneur devra mettre en avant des qualités et des valeurs différentes, et communiquer auprès d'une clientèle type différente.

Enfin, il faudra porter une attention particulière à la réglementation qui s'appliquera selon le type d'entreprise. Par exemple, l'entrepreneur qui souhaite vendre de l'alcool devra obtenir un permis d'exploitation puis une licence à emporter ou une petite licence à emporter. S'il souhaite proposer des produits préparés sur place, il peut y avoir des exigences de qualification professionnelle. 

Qu'est-ce qu'une étude de marché ?

L'étude de marché permet de récolter toutes les informations nécessaires concernant le marketing, la réglementation, la concurrence, la clientèle, le secteur de l'épicerie et l'offre, en fonction du concept choisi et du futur emplacement de son entreprise. 

Elle analyse ainsi en détail les futurs clients de l'entreprise, leur panier moyen, la fréquence d'achat, les habitudes de consommation, la catégorie socioprofessionnelle, le lieu de vie, etc. Elle définit les concurrents directs et indirects, leurs pratiques commerciales, leurs points forts et leurs points faibles, etc. Elle étudie les tendances du marché, les évolutions de la réglementation ou encore la part des ventes à l'international.

Elle permet de déterminer le potentiel commercial d'un projet d'entreprise et de l'affiner afin d'en optimiser la rentabilité dès les premiers jours d'existence de l'établissement.

Quel budget pour ouvrir une épicerie ?

Le calcul du budget d'ouverture d'une épicerie est une étape primordiale et complexe, qui permet de définir son plan de financement et de rédiger son business plan. Le budget prévisionnel d'une épicerie inclut de nombreux éléments.

Les 2 postes de dépenses les plus importants sont les frais liés aux locaux (travaux de remise aux normes, travaux d'aménagement intérieur, travaux d'aménagement extérieur, dépôt de garantie pour une location, pas-de-porte, premiers loyers dont le montant varie selon la zone d'implantation, etc.) et l'investissement en matériel (étagères, comptoirs, présentoirs, vitrines réfrigérées, postes informatiques, caisses enregistreuses, terminaux de paiement, caves à vin, placards de rangement, équipement de manutention, équipement d'entretien, équipement spécifique lié à la fabrication éventuelle de produits sur place, etc.).

Il faudra par ailleurs prendre en compte le coût du permis d'exploitation, une formation obligatoire pour obtenir une licence de vente d'alcool à emporter, et dont le prix varie de 200 à 500 euros selon l'organisme de formation. L'entrepreneur devra également souscrire à une assurance professionnelle.

Il ne faut pas non plus négliger les frais d'embauche, les frais comptables et les frais liés à la création d'une entreprise, qui varient selon le statut juridique choisi. 

L'entrepreneur ne devra pas oublier d'inclure le coût de l'étude de marché s'il a fait appel à une entreprise extérieure pour la réaliser, par exemple un cabinet d'experts-comptables, un cabinet d'experts en entreprise ou encore un cabinet d'experts en fiscalité. Selon l'ampleur du projet et le prestataire choisi, cette étude de marché peut coûter entre 2000 et 5000 euros.

Si l'entrepreneur souhaite rejoindre un réseau de franchise, il devra payer des droits d'entrée qui peuvent s'élever à quelques dizaines de milliers d'euros.

Enfin, il faudra prendre en compte le coût des premiers stocks de marchandises et de matières premières dont l'épicerie devra disposer dès son ouverture.

Le budget total de création d'une épicerie varie grandement selon sa taille, son emplacement et son concept. En règle générale, on peut compter entre 60 000 et 160 000 euros. Cette somme peut cependant être bien plus élevée dans certains cas.

Quel est l'apport nécessaire pour ouvrir une supérette ?

Les banques demandent un apport personnel de la part de l'entrepreneur, afin de responsabiliser ce dernier et de répartir les risques. Cet apport est à hauteur de 20 à 30 % des fonds totaux nécessaires à la réalisation du projet. Dans le cas d'une épicerie, il faut donc prévoir entre 10 000 et 50 000 euros d'apport personnel, voire plus.

Si le porteur de projet ne dispose pas d'un patrimoine personnel suffisant pour constituer cet apport, il peut faire appel au prêt ou au don d'argent de la part de ses proches. Une autre solution consiste à s'associer avec une personne qui apportera les fonds nécessaires en échange d'une prise de participation dans la société. Attention dans ce cas à choisir un associé qui partage les mêmes objectifs pour l'entreprise. L'entrepreneur peut également demander un prêt d'honneur, sans garanties ni intérêts, ou encore souscrire à la garantie égalité femmes s'il s'agit d'une entrepreneuse. Enfin, il peut se tourner vers les plateformes de crowdfunding, aussi dites plateformes de financement participatif, qui permettent de récolter de très nombreux dons d'argent d'un faible montant en échange de contreparties diverses, par exemple des remises immédiates, des produits gratuits chaque semaine, etc.

Quel statut juridique choisir ?

Le choix de la forme juridique d'une entreprise n'est pas évident et dépend d'un certain nombre de facteurs. Dans le cas d'une épicerie, la création d'une micro-entreprise n'est pas conseillée. Ce statut juridique impose en effet un plafond au chiffre d'affaires, qui est alors limité à 188 700 euros par an.

Les gérants de supérette ou d'épicerie privilégient plutôt l'un des statuts suivants :

  • L'entreprise individuelle - La responsabilité de l'entrepreneur est limitée à son patrimoine professionnel. Il ne peut pas s'associer. Il n'est pas nécessaire de constituer un capital. L'entreprise est imposée sur les revenus du gérant, avec une possibilité de souscrire à l'imposition sur les sociétés. L'entrepreneur est soumis au régime des travailleurs indépendants, c'est-à-dire au régime des travailleurs non salariés (TNS). Il n'y a que peu d'obligations comptables.
  • L'entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) - La responsabilité de l'entrepreneur est limitée au montant de ses apports. L'entreprise ne peut compter qu'un seul associé. Les apports au capital de la société sont libres. L'entreprise est soumise à l'impôt sur les sociétés, avec possibilité de souscrire à l'impôt sur le revenu. L'entrepreneur est soumis au régime des travailleurs indépendants. S'il fait appel à un gérant tiers, non associé, ce dernier est assimilé salarié.
  • La société à responsabilité limitée (SARL) - Comme l'EURL, mais avec la possibilité d'avoir un ou plusieurs associés (100 maximum). Le gérant associé minoritaire ou égalitaire est assimilé salarié. Le gérant associé majoritaire est considéré comme un travailleur indépendant. Les autres associés sont assimilés salariés s'ils ont un contrat de travail dans l'entreprise.
  • La société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) - La responsabilité de l'entrepreneur est limitée au montant de ses apports. L'entreprise ne peut compter qu'un seul associé. Les apports au capital de la société sont libres. L'entreprise est soumise à l'impôt sur les sociétés, avec possibilité de souscrire à l'impôt sur le revenu. La rédaction des statuts est bien plus flexible que dans le cas d'une SARL ou d'une EURL, ce qui laisse une plus grande liberté de gestion de l'entreprise. Le gérant est assimilé salarié.
  • La société par actions simplifiée (SAS) - Comme la SASU, mais elle compte au minimum 2 associés. Le président est assimilé salarié.

Quelles sont les démarches de création d'entreprise ?

Les démarches de création d'entreprise varient selon le statut juridique choisi. Elles sont ainsi simplifiées pour les micro-entrepreneurs (anciennement auto-entrepreneurs) et pour les entreprises individuelles. Dans ce cas, il convient simplement de domicilier son entreprise. Cette démarche est à effectuer auprès du guichet unique des entreprises, qui remplace en la matière les différents centres de formalités des entreprises.

Dans le cas d'une société, c'est-à-dire d'une SARL, EURL, SAS, SASU, SA, etc., il faut également procéder à la constitution et au dépôt du capital, rédiger et enregistrer les statuts de la société, nommer le dirigeant, publier la constitution de la société dans un journal d'annonces légales et déclarer les bénéficiaires effectifs de la société. 

Par ailleurs, si l'une des activités secondaires de l'épicerie est une activité réglementaire, il convient d'effectuer les démarches qui y sont liées.

Quelle est la réglementation à suivre ?

Quel que soit son concept, l'épicerie est un établissement recevant du public (ERP). En tant que tel, elle se doit de respecter des normes d'accessibilité (locaux facilement accessibles pour les personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite) ainsi que des normes de sécurité incendie (présence d'extincteurs, d'un dispositif d'alarme incendie, de portes coupe-feu, etc.).

Le gérant doit détenir une licence à emporter ou une petite licence à emporter afin de pouvoir légalement vendre de l'alcool. Cette licence est accordée par la commune après l'obtention d'un permis d'exploitation, qui s'acquiert après une formation d'environ 20 heures délivrée par un organisme agréé. Cette formation traite notamment de la protection des mineurs, de la répression de l'ivresse publique, de la lutte contre le bruit et de toutes les normes entourant la vente de boissons alcoolisées.

Le commerce doit respecter des normes d'affichage, sur l'étiquette des produits préemballés ou à proximité dans le cas des produits vendus en vrac (nom du produit, prix, poids ou volume, origine de la viande, ingrédients, liste des allergènes et des ingrédients pouvant provoquer des intolérances alimentaires, date limite de consommation, score nutritionnel, etc.).

L'épicier doit effectuer une déclaration de manipulation de denrées animales dès lors qu'il vend des viandes ou des produits à base de viande.

S'il compte exercer une activité ambulante, par exemple en faisant la tournée des villages avec son camion d'épicier, le gérant doit obtenir une carte de commerçant ambulant, qui coûte 30 euros et est valable 4 ans, ainsi qu'une autorisation temporaire d'occupation du domaine public. La nature de cette autorisation et les démarches à effectuer dépendent de l'emplacement que compte occuper l'épicier. Ainsi :

  • Si le commerçant souhaite s'installer sur un marché ou aux halles, il doit demander un emplacement de marché auprès de la commune ou de l'organisme qui gère l'évènement.
  • S'il souhaite s'installer sur un bord de route municipale hors artère principale de la ville, le commerçant doit demander un permis de stationnement auprès de la commune.
  • S'il souhaite s'installer sur un bord de route départementale ou nationale, ou sur le bord d'une artère principale d'une commune, le commerçant doit demander un permis de stationnement auprès de la préfecture.
  • S'il souhaite installer des étalages devant la vitrine de son magasin (et donc sur le trottoir), le commerçant doit demander une permission de voirie auprès de la commune.

Par ailleurs, tout commerce doit respecter la tranquillité du voisinage. Cela signifie que toutes les installations techniques doivent être suffisamment isolées et silencieuses.

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